A New York, le cannabis a un parfum de revanche
Près de deux ans après avoir légalisé l’usage récréatif de la marijuana, l’Etat de New York a décidé d’en autoriser la commercialisation. Mais les seuls, pour le moment, à pouvoir prétendre à l’obtention de cette licence doivent posséder un casier judiciaire lié à cette drogue. Une façon pour les autorités de lutter contre les discriminations en favorisant les communautés touchées par des décennies de prohibition.
Matthew Robinson n’en revient toujours pas. « C’est comme si j’avais gagné au loto ! », s’enflamme cet Afro-Américain de 37 ans. Un large sourire éclaire son visage, souvent empreint de gravité. La vie de cet ancien dealeur a basculé il y a quelques semaines quand il a appris qu’il pourrait vendre légalement du cannabis. Depuis, tout va à cent à l’heure.
Ce vendredi de janvier, le soleil n’est pas encore levé qu’il quitte son domicile d’Albany, la capitale de l’Etat de New York, pour Manhattan. Trois heures de route et quelques embouteillages plus tard le voilà à Bleecker Street pour une formation sur le sujet. Deux téléphones à la main, capuche sur la tête, il s’engouffre dans des locaux gris.
Sur le trottoir, Marquis Hayes, 42 ans, tire une dernière bouffée de sa vapoteuse avant de le rejoindre. Même s’il a troqué le chapeau de cow-boy qu’il affectionne d’habitude pour un bonnet de docker noir, ce chef cuisinier, veste de velours rouge sur tee-shirt orange, ne passe pas inaperçu. Lui aussi vient de recevoir l’autorisation de se lancer dans ce business après avoir eu affaire à la justice dans sa jeunesse. Il est rentré fissa des îles San Juan, dans l’Etat de Washington, non loin de la frontière avec le Canada, où il passe une partie de l’année, pour être présent. « On me donne les clés pour faire ce que je sais si bien faire sans être dans l’illégalité cette fois-ci », lâche-t-il avec son débit mitraillette.