Innover en situation de crise: mesures juridiques et de politiques pour mettre à l’échelle l’approvisionnement sécuritaire dans les services de consommation supervisée
À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’urgence des empoisonnements par des drogues non réglementées au Canada a coûté la vie à au moins 42 494 personnes depuis le début de la surveillance en 2016, principalement en raison d’un approvisionnement toxique et imprévisible en drogues non réglementées.
Puisque cette crise se poursuit et s’aggrave, il est impératif de mettre en œuvre des mesures qui faciliteront l’accès à un approvisionnement sécuritaire en substances de qualité contrôlée pour les personnes dont la santé et la vie sont menacées parce qu’elles ne peuvent consommer que des drogues de rue illégales et non réglementées, dont la composition, la pureté et la puissance ne sont pas connues.
L’approvisionnement sécuritaire, dans sa forme la plus simple, consiste à fournir des produits de qualité pharmaceutique pour remplacer l’approvisionnement en drogues illégales et non réglementées. L’objectif principal de l’approvisionnement sécuritaire est de prévenir les décès dus à l’empoisonnement par des drogues. Il existe de plus en plus de preuves à l’appui d’une intervention à cette fin. Par exemple, dans une étude à grande échelle réalisée en Colombie-Britannique en 2024, les chercheur(-euse)s ont constaté que l’accès même minimal à un produit de rechange prescrit entraînait dans la semaine suivante une réduction significative du risque de surdose et de la mortalité toutes causes confondues. Un examen de la portée abordant 24 publications sur les programmes d’approvisionnement sécuritaire au Canada a également validé des résultats positifs, notamment une diminution de la dépendance à l’approvisionnement en drogues non réglementées. Comme l’indiquent les recherches décrites plus loin, des données émergentes sur les programmes d’approvisionnement sécuritaire démontrent une réduction des surdoses mortelles et non mortelles, une amélioration de la santé et la réalisation d’économies pour les systèmes de soins de santé.