Vienne 2019 : Un système international de contrôle des drogues sous tension
Par Déborah Alimi (CESSP) et Jennifer Hasselgard-Rowe (GREA) / OFDT
En 2009, dans une déclaration politique conjointe, la communauté internationale, rassemblée dans le cadre de l’Organisation des Nations unies (ONU), s’était fixé entre autres une échéance d’une décennie pour « éliminer ou réduire significativement et de façon mesurable » l’offre et la demande illicites de stupéfiants (ONUDC, 2009). Depuis, l’augmentation et la diversification des marchés de la drogue, de même que les évolutions du statut légal du cannabis dans nombre d’États, ont mis à mal ces aspirations.
En 2016, la tenue anticipée d’une nouvelle session de l’Assemblée Générale des Nations unies sur les drogues (UNGASS), convoquée à la demande de chefs d’État latino-américains , qui critiquaient la viabilité des cadres répressifs en place et l’irréalisme des objectifs de 2009, témoignait de la fragilité du consensus existant autour d’une interprétation essentiellement sécuritaire du régime international de contrôle des drogues.
C’est dans ce contexte que s’est tenue du 18 au 23 mars 2019 à Vienne la 62e session régulière de la Commission des stupéfiants (Commission on Narcotic Drugs ou CND). Pendant plus d’une semaine de débats, la capitale autrichienne a accueilli près de 2 400 participants, dont plusieurs ministres et chefs de gouvernement, représentant un large éventail d’acteurs (États membres, agences onusiennes, organisations de la société civile - OSC, monde scientifique, etc.). À ce rendez-vous annuel a été ajouté, les 14 et 15 mars, un « segment ministériel » spécial chargé de faire le bilan des efforts déployés ces dix dernières années pour « aborder et combattre le problème mondial de la drogue ». Ce numéro de Drogues, enjeux internationaux décrypte ces 10 jours de débats, en proposant une analyse circonstanciée d’enjeux et de développements qui conditionneront les prochaines orientations stratégiques des politiques internationales sur les drogues.